Les films Impossible ont pris la succession des anciens films Polaroid, dont la production a cessé en 2008. Ils permettent aujourd’hui de continuer à faire vivre les anciens appareils estampillés Polaroid (séries 600, 1000, SX-70 et autres) qui sans cela seraient bon pour une remise définitive au placard. Nous leur devons donc beaucoup et pourtant, ces films ne sont pas exempts de défauts.
Ces films souffrent de trois inconvénients majeurs qui nous font dire qu’aujourd’hui, l’expérience peut se révéler déceptive pour ceux qui ne sauraient pas à quoi s’attendre. Les reproches que l’on peut adresser à ces films tiennent pour beaucoup au fait que la chimie utilisée pour leur composition est différente de celle des films Polaroid d’origine, et ce changement de « recette » a des impacts à plusieurs niveaux.
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L’esprit d’origine n’y est pas vraiment
Le polaroid, à la base, c’est de la photo instantanée. Une grande partie du plaisir que l’on éprouvait avec les polaroids à l’époque, tenait dans le fait que l’on avait sa photo immédiatement. On la voyait sortir de l’appareil, on la tenait en main et elle se révélait en quelques minutes sous nos yeux.
Ce côté un peu magique est complètement mis de côté avec les films Impossible. Les consignes sont claires : il faut préserver votre photo de la lumière dès sa sortie d’appareil. Il faut donc l’enfermer très vite dans une boite hermétique et l’y laisser plusieurs minutes (jusqu’à une demie heure pour les films couleurs !) avant de l’en retirer. C’est très contraignant parce que votre premier souci, au moment où vous déclenchez, deviez de savoir où vous vous allez pouvoir placer les photos pour les réserver du jour. Vous aurez également du mal à prendre plusieurs photos d’affilée (impossible de les poser négligemment et de continuer à shooter), mais surtout vous n’allez pas pouvoir vivre ce moment sympa où vous assistez au développement de l’image.
On est plus dans la photo instantanée qui jouait pour beaucoup dans le charme des polaroids. En somme, on touche ici un point susceptible de rebuter les puristes, mais aussi tous ceux qui ont connu la photo instantanée à une époque où Polaroid reignait sans partage sur cette branche, et qui ne retrouveront pas une expérience parfaitement similaire à celle de leurs souvenirs. Si l’on s’en tient à ce critère, Fujifilm dispose, avec ses films Instax, d’un très net avantage. Avec les films Instax, l’effet « magique » joue à plein et l’image se dévoile sous vos yeux par étapes successives.
La qualité non plus n’est pas au RDV
Mes différents essais avec les films que j’ai achetés m’ont confirmé ce que j’ai pu lire ici ou là sur la qualité des films Impossible : elle laisse parfois à désirer. Ce qui me préoccupe le plus c’est le caractère instable des films : une petite tâche rose disgracieuse présente dès le début sur votre photo va sembler s’agrandir à chaque fois que vous y jeter un oeil, jusqu’à occuper une place très importante de l’image.
Les couleurs continuent à bouger au fil du temps… Les photos noir et blanc sont très (trop) contrastées avec des noirs très denses, puis arborent une teinte légèrement rosée dans les tons clairs après quelques mois….
Ajoutez à cela une inconstance d’un lot à l’autre, avec des variations sensibles sur les dominantes de couleur par exemple, et vous comprendrez que la qualité et les résultats sont carrément aléatoires. Polaroid se réfugie derrière un discours mettant en avant l’expérimentation, la nécessité de persévérer mais bon, la ficelle est un peu grosse, surtout que les films ne sont pas franchement pas donnés. Ce qui nous amène au dernier point.
Un prix décourageant
Comptez 20€ environ pour une boite de 8 films. ça nous fait une photo à 2,5€. Avec ça vous aurez envie d’y réfléchir à trois fois avant d’appuyer sur le bouton. Et aurez du mal à avaler la pilule si votre photo affiche de grosses tâches qui vous paraissent injustifiées. Ce coût important fait que vous aurez du mal à lâcher la bride à votre créativité, ou à faire circuler un appareil en soirée. A l’usage, l’achat d’une boite de films risque d’être réservé à un usage très événementiel. Alors que l’on voudrait capter et partager tous ces moments de vie quotidienne.
Avec un coût des consommables aussi important, et l’achat répété de plusieurs cartouches, il est tentant de faire de faire des additions et des comparaisons avec l’équipement que l’on aurait pu acheter, à montant équivalent.
Si le tableau dressé ici peut paraître un peu sombre, et s’il est vrai que les films Impossible sont loin d’être parfaits, il faut garder à l’esprit deux points importants :
- Ces films font l’objet d’un travail de recherche importante, avec des progressions constantes sur les temps de développement notamment. En quelques années, plusieurs versions de films se sont succédées, chacune apportant son lot d’améliorations. Gageons qu’Impossible va poursuivre dans ce sens et que certains des problèmes listés plus hauts seront résolus à terme.
- Certes les films Impossible ne sont pas parfaits, mais comme chacun le sait, la perfection n’est pas de ce monde. Et même, la quête de la perfection ne s’accorde pas franchement avec la photo instantanée. Celle ci demande justement bien souvent de accommoder des petits défauts, et d’apprécier ce manque de contrôle qui laisse la part belle à l’imprévu et participe pour beaucoup à son charme.