Wilfried apprécie l'instantané pour son côté exigeant, et se définit lui-même comme un "Polaroid addict". Il s'appuie sur des lumières soigneusement travaillées et mise sur le rendu particulier des couleurs Polaroid pour créer des portraits à l'atmosphère unique.
Interview : Wilfried Haillot
La photo instantanée tient une bonne place sur le portfolio que tu présentes en ligne. Est-ce qu’elle représente l’essentiel de ta production photo ?
Oui tout à fait, je suis maintenant un « polaroid addict » depuis presque 15 ans. Après un bref passage par la photo professionnelle et donc la photo numérique, la totalité de mes images sur mes différents portfolios sont désormais analogiques et issues de séances effectuées sur mon temps libre, pour mon plaisir uniquement.
Tu apprécies particulièrement les portraits. Quelles sont pour toi les qualités de l’instantané dans ce domaine ?
Avec la photo instantanée tu as beaucoup moins le droit à l’erreur. Je ne vais pas shooter 200 photos par séance pour des raisons de coûts, mais aussi de rareté de certains films, ce qui m’oblige à bien réfléchir à mes images en amont. Le numérique me rendait paresseux. Je savais très bien que de toute façon je pouvais sortir des images intéressantes sans trop me forcer… mais finalement cette démarche ne me satisfaisait guère.
Tes polaroids montrent un beau sens artistique et également une grande maîtrise technique. Quel matériel utilises-tu ? Quels sont les points techniques auxquels tu prêtes le plus d’attention pour réussir tes polas ?
J’utilise le plus souvent mon SLR 680, plus rarement mon Polaroid 600SE, et je tente actuellement de dompter le format du Polaroid image que j’ai acquis depuis peu.
Comme, je pense, la majorité des photographes, je suis toujours soigneux de mes lumières, et je recherche toujours aussi des angles ou des cadrages qui vont sortir un peu de ce que l’on peut voir habituellement.
Tu as souvent recours à des éléments de couleur rouge dans tes portraits… je me trompe ?
Quand j’ai débuté avec le film instantané, j’utilisais principalement le Polaroid TZA ,et le 669 pour le pack 100. Et c’est vrai que pour ces deux films, le rouge était vraiment la seule couleur qui ressortait le mieux sur mes images. Ensuite, ce n’est pas une couleur qui laisse indifférent. On l’associe avec beaucoup de sentiments en parfaite contradiction : l’amour, la colère, le danger, la sensualité, l’interdiction.
Le rouge, pour moi, est la couleur qui remue les sentiments, sans aucun doute.
D’ailleurs tu sembles également privilégier l’usage des films couleurs plutôt que le noir et blanc. Pourquoi ?
Oui j’adore m’amuser avec la couleur, j’ai beaucoup moins d’idées quand je dois créer mes images en noir et blanc. J’ai d’ailleurs débuté dans la photo par le noir et blanc argentique, et je suis arrivé au film instantané justement pour les couleurs si particulières des premiers films Polaroid.
Tu utilises pour certaines photos du film périmé. Quels sont les avantages et les inconvénients ?
Pour les films périmés c’est un jeu de hasard, mais quelle excitation de ne pas tout contrôler lors de la prise de vue avec ce type de film… Alors bien sûr, il y a quelquefois des déceptions quand la chimie est trop sèche et qu’aucune image n’apparaît. Malheureusement, le prix qu’a atteint ces films est maintenant le principal inconvénient pour la plupart des utilisateurs…
Peux-tu me présenter une des photos instantanées dont tu es le plus fier, ou qui te donne le plus de satisfaction ?
C’est une photo que j’avais vraiment dans la tête, et j’adore réaliser les photos que j’ai dans la tête, surtout quand le résultat est comme je l’imaginais. C’est une vue de dessus avec une amie modèle, assise sur un fauteuil, qui remue une petite cuillère dans une jolie tasse à café. J’avais envie d’une main floue alors qu’il n’y a pas de contrôle sur la vitesse avec un SX70. J’ai demandé à la modèle de remuer sa main, et j’ai fait une seule photo. Et le pire c’est qu’à l’époque le film mettait 45 minutes à se développer, donc le modèle était déjà parti sans voir le résultat… Mais ça a été une réussite, Impossible Project a même utilisé l’image pour une de leur newsletter, et c’est aussi en contrepartie mon image la plus piratée !
Quels photographes, ou quels artistes issus d’autres univers que la photographie, t’inspirent le plus ?
J’ai une culture photographique assez basique et conventionnelle. Je ne peux pas dire que ces artistes m’ont inspiré, mais je les apprécie. Je citerai donc Jeanloup Sieff, Guy Bourdin, Irving Penn, Peter Lindbergh…
Je ne vais pas oublié non plus Helmut Newton, un des rares photographes que l’on va retrouver dans ma bibliothèque, mais je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de voir une de ses expositions.
Et, en dehors de la photo (quoique…) et très loin de mon univers, je pense à David Lynch, qui est une référence pour moi à tous les niveaux.
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