L’I-1 est le premier appareil photo créé par Impossible Project, l’entreprise qui a repris la production de films instantanés assurée auparavant par Polaroid. Impossible a fait des choix étonnants avec l’I-1 : design singulier, fonctions avancées accessibles par le biais d’une appli smartphone… Voici notre test de cet appareil photo « polaroid » qui ne fait presque rien comme les autres.
Sommaire
Design & ergonomie
Impossible montre depuis quelque temps un beau savoir faire en matière de design. La marque soigne notamment le packaging de ses films. Sur le plan marketing c’est plutôt bien vu, cela leur confère une touche luxueuse, qui vient justifier en partie le prix des cartouches et aide quelque peu à faire passer la pilule.
Pour son premier appareil, Impossible a mis les petits plats dans les grands et il faut reconnaître que le packaging de l’I-1 est superbe, tout de noir et de jaune. Ce bel écrin bicolore valorise tout de suite l’I-1 comme un objet d’exception.
Concernant le design de l’appareil lui-même, on sent une certaine filiation avec les appareils produits autrefois par Polaroid. Le dos incliné n’est pas sans rappeler par exemple les appareils de la série 600. Autre point commun : les cartouches de film se chargent via une trappe présente en façade.
Mais l’I-1 s’affranchit pourtant de ce design retro pour développer sa propre identité. Le flash annulaire en façade, avec ses led qui s’allument pour donner diverses informations, tout comme le viseur viseur perché sur le dessus, lui donnent un look qui le différencie complètement de tout autre appareil photo, polaroid, argentique ou numérique.
Beaucoup de gens, dans mon entourage, ont d’emblée été séduits par cet ovni photographique, qui ne ressemble à aucun autre. S’il y a forcément une part déterminante de subjectivité, une chose est certaine, le design de l’I-1 ne laisse personne indifférent.
Le principal bémol a trait à la matière et à la coloris du corps de l’I-1, qui attire assez nettement la poussière. Il ne me parait pas en revanche sujet aux traces de doigts.
L’I-1 tient sans problème dans une main. Il s’agit très probablement du boitier le plus compact et le plus léger fonctionnant avec du film Impossible/Polaroid qui ait vu le jour.
Fonctionnement de base de l’I-1
L’appareil intègre une batterie et se recharge sur secteur via un câble USB. Il utilise au choix des cartouches de film 600 ou un nouveau type de cartouches dédiées à l’I-1. Celles ci ne comprennent pas de batterie, ce qui permet à Impossible Project de réduire leur prix de quelques euros.
L’I-1 se met sous tension via un interrupteur rond qui comprend trois positions : Off, On, et BlueTooth pour la connexion à l’application smartphone. J’avoue avoir souvent oublié d’éteindre l’appareil. Question d’habitude ? Est-ce à force d’avoir trop fricoté avec les vieux polas, que l’on a pas besoin d’allumer ?
Le design épuré de l’I-1 ne laisse de place que pour quelques fonctions présentes sur le boîtier lui même, à travers deux boutons disposés de chaque côté de l’objectif. Le premier contrôle le flash, que l’on bascule sur On (déclenchement automatique) ou Off. Le second permet d’ajuster l’exposition (éclaircir /assombrir ) et perpétue en cela la molette présente sur tous les anciens appareils Polaroid, qui assurait déjà cette fonction. Les fonctions avancées sont quant à elles accessibles à travers une application pour pour smartphone. Eh oui, une idée saugrenue, on y revient plus loin.
Le viseur se rabat sur le dessus de l’appareil, si bien qu’il faut le relever pour votre prise de vue. Il est complètement amovible, mais l’intérêt de l’enlever n’est pas encore évident. Certains ont évoqué une marge de manœuvre pour de futurs accessoires, qui viendraient se greffer sur le dessus de l’I-1.
Le viseur, composé de deux carré se faisant face, repose sur un système de point qu’il faut aligner au centre d’un cercle. L’ensemble est peu instinctif et on met du temps à positionner son œil pour regarder à travers viseur (le manuel conseille une distance de 5cm). Même après plusieurs pellicules, on peine à trouver ses marques et à ajuster un cadrage rapide.
Point appréciable, la mise au point peut être conservée en mémoire en enfonçant et en maintenant le déclencheur à mi course. Cela permet de faire la netteté sur son sujet et de décaler ensuite son cadrage pour composer son image. Mais le déclenchement reste toutefois particulier, dans la mesure où la photo n’est pas prise quand vous enfoncez complètement le bouton, mais juste après : quand vous relâchez la pression. Là encore, cela surprend un peu vis à vis du fonctionnement standard.
Le système de mise au point de cet appareil I-1 se révèle toutefois performant, et dans les bonnes conditions de lumière, le boîtier prendra des photos bien nettes, plus fines que la majorité des appareils de la série 600.
L’appareil dispose d’une frog tongue intégrée, fine languette de plastique qui se déploie au moment où la photo est éjectée du boîtier, pour protéger celle-ci de la lumière.
Les fonctions avancées de l’I-1 via l’application smartphone
Si l’appareil peut tout à fait être utilisé sans application, la majorité des options avancées du I-1 est accessible par le biais d’une application qu’il vous faudra installer sur votre smartphone, disponible sur iOS comme sur Android. Sur le papier c’est une idée pour le moins étrange… Eh bien dans la pratique aussi.
L’application se connecte en Bluetooth à l’appareil, et vous laisse la possibilité d’exploiter plusieurs modes parmi lesquels :
- un mode télécommande pour le déclenchement à distance,
- un mode manuel où vous choisissez l’ouverture du diaphragme, le temps de pause mais aussi le contrôle fin du flash,
- un mode retardateur,
- un mode double exposition,
- d’autres modes censés vous aider à pratiquer le lightpainting en transformant votre téléphone en source de lumière.
L’application vous permet également d’afficher des infos importantes sur votre boîtier : version de firmware, niveau des batteries et nombre de poses restantes notamment. Vous avez par ailleurs la possibilité de consulter l’historique des photos prises à partir de l’application. Vous y verrez le détail de tous les réglages pour chaque pose. Intéressant pour les toutes dernières images que vous avez faites, mais au delà, vous oubliez vite à quelle photo correspondent tels ou tels réglages. Il n’y a pas en effet de vignette photo pour vous rafraîchir la mémoire.
Peu profonde, cette application I-1 se prend assez facilement en main. L’écran de paramétrage en mode manuel affiche beaucoup d’infos à l’écran et gagnerait à être un peu plus clair, tout de même.
Mon avis sur ce fonctionnement basé sur l’application est mitigé. En reportant un maximum de fonctions au sein d’une appli smartphone, impossible Project a pu épurer le design de son appareil, ce qui joue incontestablement en faveur de celui-ci. Sans cela le boîtier aurait vraisemblablement été couvert de boutons supplémentaires. Mais le recours à une appli n’en est pas moins une plaie, notamment pour un usage un peu casual en extérieur. Car il vous faut tenir l’appareil d’une main, le smartphone de l’autre, essayer de soigner votre composition avec un œil sur le viseur, garder l’autre sur le smartphone pour déclencher… Une galère. Sans compter que la connexion Bluetooth, même si elle se fait très facilement, vous impose d’avoir suffisamment de batteries sur votre téléphone…
En intérieur, avec l’appareil sur trépied, le système d’application prend davantage de sens. Là vous disposez de tout votre temps pour soigner vos images.
Bon mais les images, ça donne quoi ?
Le système de mise au point de l’appareil assure une précision confortable, même s’il reste automatique. Sur des distances courtes à moyennes, et dans les bonnes conditions de lumière, les photos sont assurément nettes. Je dirais que l’I-1 est capable de délivrer des images d’une qualité équivalente à celle des meilleurs appareils Polaroid, comme le SX-70 Sonar par exemple.
La mesure automatique de l’exposition donne de bons résultats en extérieur. Elle semble en revanche en deçà de ce que l’on peut attendre en intérieur. Sur trépied et en mode auto, j’ai obtenu des images largement perfectibles. Passer par le mode manuel pour allonger le temps de pose et ouvrir le diaphragme m’a pour le coup permis d’obtenir de bien meilleures images qu’avec le mode auto du boitier.
Verdict
Le design de l’I-1 en fait un objet attractif, désirable, mais son prix positionné autour des 280€ est susceptible de dissuader les débutants ou utilisateurs occasionnels, qui peuvent toujours se rabattre sur un Polaroid classique, d’occasion ou reconditionné. Tout le potentiel et la richesse de l’appareil ne se révèlent pleinement qu’à travers son mode manuel et ses fonctions avancées. Or l’accès à ceux-ci nécessite de recourir à une appli smartphone, plus contraignante que ludique.
Il faut saluer l’initiative d’impossible Project qui a su perpétuer la tradition avec cet appareil utilisant le vieux format Pola. L’I-1 emprunte en partie les codes des vieux appareils, et bouleverse sous d’autres aspects les conventions du genre. L’I-1 est un appareil qui fait du neuf avec du vieux et ne manque pas d’audace, tant sur la forme que sur le fond. Les plus curieux et les plus persévérants, parmi les fans d’Impossible Project et les amoureux inconditionnels du format pola classique, pourront y trouver leur compte.
Les avantages de l’I-1
- Design unique et soigné
- Boîtier compact
- Un appareil qui perpétue le format pola traditionnel
Les inconvénients de l’I-1
- Fonctions avancées accessibles uniquement via l’appli
- Prix élevé
- Viseur original mais peu pratique